A la découvert du strongwoman avec Angeline Berva
Bonjour Angeline, peux-tu te présenter ?
Bonjour à tous, je m’appelle Angeline, j’ai 28 ans et j’habite dans l’Oise.
Mon parcours sportif remonte à mon enfance durant laquelle j’ai commencé par l’équitation puis la boxe. Par la suite, j’ai fait du culturisme, de la Force Athlétique, discipline dans laquelle j’ai été championne de France, et enfin du strong et de l’haltérophilie.
Comment as-tu commencé le strong ?
J’ai rencontré quelqu’un qui était dans le strongman et qui m’a proposé de participer à une initiation de strong. La fédération française de strong venait de s’ouvrir et elle avait organisé une journée d’initiation. J’ai participé un peu par hasard à cette journée où on a testé quelques mouvements de strong que j’ai bien aimé. Du coup, on m’a proposé de faire une compétition peu de temps après, ce que j’ai fait. C’était une petite compétition régionale, mais qui m’a permis de me lancer.
Ensuite, que s’est-il passé ?
J’ai bien aimé le côté impressionnant du strong car c’est vrai qu’en Force Athlétique je me suis lassé de faire seulement 3 mouvements. J’adore tout ce qui est nouveau et donc avoir des nouvelles épreuves, des choses qui changent à chaque fois ça m’a motivé. Le côté impressionnant aussi, de tirer des camions, etc. (rires)
Est-ce que la réussite sur une compétition de strong va beaucoup varier selon les conditions, le matériel, etc ?
Oui ça va changer ! Et même si c’est par exemple des farmers, il va toujours y avoir un aspect où le type de force va être différent parce qu’en strong ça peut être une évaluation via un max sur une répétition, comme un max de répétitions sur un temps donné ou encore un nombre de répétitions à faire le plus rapidement possible. Il y a vraiment trois aspects de force différents que l’on peut avoir sur les différents mouvements.
Est-ce que les épreuves et types d’appréciations varient chaque année selon les différentes compétitions ?
Oui, c’est bien ça ! Par exemple, il va toujours y avoir du soulevé de terre, mais pas toujours sous la même forme. Une année, ça peut être un max, une année ça peut être un nombre de répétitions à faire le plus rapidement possible, un maximum de répétitions à faire sur un temps donné, donc ça va vraiment être très différent.
Donc tu ne peux pas te contenter de te spécialiser sur un type de force ou de mouvement, mais tu dois être polyvalente !
Oui exactement.
Est-ce qu’il y a beaucoup de différences entre le strong chez les hommes et le strong chez les femmes ? Que ce soit en termes d’exercices ou de compétition ?
Non, grosso modo ça va toujours être les mêmes épreuves qui vont être adaptées au niveau des charges.
Quel est ton palmarès en strong ?
Cela fait deux années de suite que je suis la femme la plus forte de France et j’ai également fini 3ème aux Arnolds en Europe et aux Ultimate strongman.
Ultimate strongman c’est équivalent aux championnats du monde ?
Comme il y a plusieurs fédérations, l’Ultimate fait partie des compétitions de strong qui sont mondiales, mais c’est par exemple différent des Strongman games.
Donc tu as plusieurs championnats du monde par fédération ?
Oui, c’est ça ! Il va y avoir par exemple les Official Strongman games, les Arnolds, les Ultimates, etc.
Comment tu t’entraînes au quotidien pour préparer ces compétitions ? C’est quoi l’entraînement type d’une strongwoman ?
On va rester sur un entraînement axé force. Je pense que ça va se rapprocher d’une préparation en Force Athlétique, simplement, on va un peu plus varier les différents mouvements et on va plus travailler sur de l’endurance, par exemple le maximum de répétitions sur une minute, etc. C’est peut-être la seule vraie différence avec la prépa en FA.
Globalement, je vais continuer à travailler sur des exercices de bases, polyarticulaires et également en séries courtes sur du lourd.
D’accord et à cela, tu vas ajouter d’autres exercices plus spécifiques, notamment pour le travail des épaules, etc ?
Oui, c’est ça ! Pas mal d’overhead notamment ! Forcément, je vais aussi faire du log. Les stones, c’est également des mouvements qu’il faut travailler donc je vais aussi m’entraîner en spécifique.
Quand tu veux devenir strong tu as besoin d’avoir accès à du matériel spécifique et d’aller dans des salles spécialisées ?
Alors, besoin non parce que c’est vrai que c’est toujours compliqué d’avoir tout le matériel et il y a des épreuves en compétition de strong comme le car deadlift ou le truck pull que forcément on ne pratique jamais. Donc on va faire des mouvements d’assistance en salle, mais il y a des mouvements qu’on ne va jamais travailler spécifiquement à l’entraînement.
Tu t’entraînes combien de fois par semaine ?
Alors moi pour le strong je m’entraîne beaucoup car je m’entraîne 6 jours sur 7. Donc je suis un peu une exception des strongs et je me rapproche peut-être un peu plus des powers qui ont 5 séances par semaine. Après, malgré le fait que je sois sur des mouvements polyarticulaires, parfois je vais quand même découper mon training vu que j’ai encore le petit côté body, et je vais faire une séance jambes ou une séance épaules. Donc même si je reste sur de la force, je découpe mes séances.
Je suis un peu une athlète “bodypowerstrong”, je fais un petit mélange ! (rires)
Après en strong je pense qu’il y a plein de disciplines qui vont aider. Par exemple, je fais un peu d’haltérophilie et ça m’aide aussi pour le strong. Donc c’est complémentaire en fait.
Tu fais aussi des exercices pour travailler ton amplitude, pour du renforcement intra-abdominal, etc ?
Oui, j’en fais aussi. Après c’est vrai que globalement mes mouvements vont rester des mouvements de power avec de l’overhead en plus.
Comment adapte ta diète au quotidien ?
Alors moi, je ne compte pas mes calories. J’ai arrêté de me prendre la tête avec ça depuis que je n’ai plus besoin de voir mes abdos (rires). Je mange quand même assez équilibré. On va dire que je conserve une diète à peu près body pour tout ce qui est performance. Donc je vais avoir mon riz, etc. Par contre, je mange à ma faim et je mange quand même beaucoup comme je fais des sports de force. Je concours en -82kg et c’est mon poids de forme sans me priver donc je reste dans ces alentours et ça va, je n’ai pas trop besoin de faire de diète.
Finalement, je suis bien dans ma catégorie et mon poids de forme, sans me forcer à manger et sans me priver non plus, je vais rester au poids de ma catégorie. J’ai trouvé le bon équilibre !
C’est relativement rare comme situation non ? Quand on regarde de l’extérieur, surtout les hommes en strong, ils ne font que manger en fait !
Alors dans les catégories open, oui, car il n’y a pas de poids à respecter et en général plus tu es lourd et plus tu as de la force aussi. Après, il y a aussi des strongs dans des catégories comme les -80kg, qui sont vraiment excellents et qui tiennent des diètes aussi.
Est-ce que toi, tu as eu des modèles qui t’ont influencés et qui te poussent au quotidien ?
Alors, non, je n’ai pas vraiment de modèle. Il va y avoir pas mal de filles que j’aime bien dans différentes disciplines (power, body, CrossFit, haltérophilie) mais c’est vrai que moi qui fait un peu tout et qui me personnalise sur le strong, je n’ai pas vraiment de modèle qui va faire comme moi.
J’ai pas mal d’inspirations sur différents sports, mais après en France il n’y a pas beaucoup de strongwoman. Par contre on a pas mal de filles qui sont très fortes en FA, en CrossFit, même en Street Lifting et c’est vrai que j’aime bien regarder les différentes disciplines. C’est intéressant de voir toutes ces femmes qui poussent.
Tu t’auto coach c’est bien ça ?
Oui.
Comment tu ressens l’auto coaching ? Est-ce que c’est compliqué pour toi de rester objective ou tu as la maturité sportive nécessaire pour le faire ?
Alors il y a les avantages et les inconvénients. Dans les inconvénients, je pense qu’on est un peu tous pareils, on a envie de faire ce qu’on veut et pas forcément de travailler un point faible par exemple (rire). Après, on a un avantage, c’est qu’on se connaît et on peut s’adapter sur les jours où on est moins en forme, des jours de moins bien, etc. Cela peut être plus simple à gérer !
Tu as des exemples de choses que tu as plus de mal à faire en auto coaching ?
Un peu comme tout le monde le gainage par exemple. Je pense qu’on en a tous besoin, mais qu’on a la flemme de le faire. Ou d’autres choses comme ça qu’on a pas envie de faire mais qu’on s’oblige à réaliser.
Comment tu conseillerais de procéder à quelqu’un qui veut débuter le strongman/woman ?
Déjà, je pense que c’est bien d’avoir des notions en musculation pour avoir de bonnes bases, de bonnes postures. C’est important de déjà savoir faire un squat, un soulevé de terre proprement. Donc commencer par les bases de musculation et ensuite s’orienter sur les différents mouvements de strong et les tester.
Est-ce qu’il faut se rendre dans un club de strong pour tester ce genre d’exercice ?
On peut commencer avec une barre classique à tester des mouvements en force comme du soulevé de terre, de l’overhead, etc. Trouver des salles avec du matériel de strong c’est pas facile, par contre il y a de plus en plus de salles de CrossFit qui en proposent et donc ça peut être sympa de commencer à tester là-bas.
Après, quand tu veux faire de la compétition, tu n’as plus vraiment le choix que de te rapprocher de salles proposant du matériel pour le strong, non ?
Oui, c’est ça ! Il y a des mouvements comme le Log ou les Stones où il n’y a pas trop le choix d’en faire quand même, car c’est assez spécifique.
Est-ce que tu conseilles à quelqu’un qui commence le strong de se faire coacher ?
Oui, c’est toujours intéressant de se faire coacher, déjà pour apprendre les mouvements de strong et pour faire une préparation de force dans tous les cas.
Est-ce qu’il y a beaucoup de coachs dédiés au strong en France ?
Non, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de coachs. Les powerlifters peuvent intervenir dans la programmation, mais ils ne vont pas forcément inclure des mouvements de strongman.
Peux-tu nous donner tes mouvements préférés en Strong ?
Alors moi un de mes mouvements préférés c’est le car deadlift ! Ensuite, il y a les farmers où je suis très forte aussi. J’aime beaucoup l’Axle et le Log également.
Peux-tu nous expliquer comment se déroule une compétition de strong ?
Tout d’abord, il va y avoir la pesée. Nous en strong en général on a le choix et on peut se peser la veille ou le jour de la compétition.
Vous pouvez vous peser la veille ? Cela veut dire que vous pouvez potentiellement faire de gros cuts non ?
Oui, je pense que certains font des gros cuts ! C’est assez logique comme on peut se peser la veille, on a toute la nuit pour recharger !
Après la pesée, il y a toujours le planning des plateaux qui est annoncé et ensuite, il va y avoir 5-6 épreuves que l’on va enchaîner tout au long de la journée.
Comment se fait le compte des points ?
Si on est par exemple 5 participantes dans la catégorie, à chaque fois que l’on finit première on gagne 5 points et si on finit dernière on gagne 1 point. Le classement final se fait suivant le total de points qu’on aura gagné sur la journée. Donc on peut perdre une épreuve, en gagner cinq et avoir des chances d’être première par exemple.
Quels seraient tes trois conseils pour quelqu’un qui veut performer en strong ?
Dans un premier temps faire une programmation en force, ensuite faire preuve de persévérance et de mental !
Quelle est ta définition de la discipline ?
Nous en strong on dit que notre discipline, c’est soulever “n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand”.
Un dernier mot pour la fin ?
J’incite tout le monde à faire de la force en général et à essayer la discipline. C’est vrai que c’est un sport qu’on voit beaucoup à la télé, mais qu’on n’a pas forcément l’occasion de tester. Donc si l’occasion se présente, n’hésitez pas à essayer !
Merci Angeline
Vous pouvez retrouver Angeline sur son Instagram : @angeathletecoach
Interview réalisée pour Lucas Dour, Co-Fondateur de Disciplean.