Morgan Bernardeau, Nutritionniste & Athlète Disciplean
Dans cette interview, nous vous proposons de revenir en détails sur le parcours de Morgan Bernardeau, nutritionniste en ligne et athlète Disciplean, afin qu’il nous explique comment il en est arrivé là, quels sont ses objectifs et qu’il puisse nous donner des conseils pour nous aider à optimiser notre nutrition lorsqu’on pratique la musculation.
L’interview
Bonjour Morgan, c’est un plaisir de te recevoir. Pour commencer cette interview peux-tu te présenter et décrire ton parcours ?
Bonjour Lucas, bonjour à tous. Pour me présenter brièvement, je m’appelle Morgan j’ai 22 ans. Je fais de la musculation et également beaucoup de tennis. En ce moment, je tourne à 5 entraînements de tennis et 4 à 5 séances de musculation par semaine. En ce qui concerne mes objectifs sportifs moyens terme, en ce moment, je réalise une sèche qui devrait m’emmener dans quelques mois à un photoshoot.
Au quotidien, je suis nutritionniste en ligne depuis un peu plus d’un an. Vous pouvez d’ailleurs me retrouver sur Instagram : “morgannutrition”. Je propose des consultations en ligne, principalement avec des sportifs, mais également parfois avec la population générale si je puis dire.
Au niveau éducatif, j’ai fait une licence STAPS mention entraînements sportifs et spécialité gymnastique. J’ai réalisé un cursus de 3 ans à la fac d’Orsay et j’ai obtenu ma licence en 2020. Suite à ça, fin 2021, j’ai suivi la formation MNU (mac nutrition University). C’est une formation britannique en ligne reconnue dans un grand nombre de pays. Elle ne l’est pas en France malheureusement ce qui ne me permet pas de travailler en cabinet, mais qui ne m’empêche pas de travailler en ligne. Cela me convient totalement.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en France, on peut faire un BTS diététique qui se fait en 18 ou 24 mois. Sinon pour devenir nutritionniste, il faut faire un master en nutrition, master que j’aurais pu faire suite à ma licence STAPS, mais ce diplôme est plus tourné vers la recherche tandis que je désirais avant tout travailler sur le terrain avec des clients, donc réellement accompagner des individus. Même si j’ai bien sûr un intérêt pour la recherche.
Merci Morgan pour cette présentation. On a tendance à confondre régulièrement le métier de diététicien et celui de nutritionniste, peux-tu nous éclairer à ce sujet ?
Pour revenir à ta question, la distinction entre nutritionniste et diététicien est principalement liée au fait que le diététicien va se concentrer sur les aliments, le comportement alimentaire. Il va étudier des groupes d’aliments. Par exemple, il va regarder si le bio est bon pour la santé, si c’est intéressant de consommer des fruits de saison, etc. Il se “restreint” plus ou moins aux aliments. Ce sont les aliments avant tout !
Le nutritionniste va lui se concentrer sur les nutriments. Il va chercher à étudier le calcium par exemple et ensuite, il va regarder quels sont les aliments riches en calcium puis déterminer les besoins humains en chaque nutriments avant d’aller piocher dans les aliments.
Personnellement, j’ai préféré être nutritionniste et prendre cette voie, car le parcours académique du diététicien m’a paru moins enrichissant dans le sens ou il se concentre sans doute trop sur les aliments avant de comprendre la recherche de fond et les besoins des individus.
Le diététicien est légalement autorisé à prescrire des plans alimentaires. Le nutritionniste va donner des recommandations alimentaires et théoriquement ne peut pas donner de plan alimentaire à appliquer. Néanmoins, à savoir que de façon officieuse, au final, les deux se regroupent. Mais au niveau de l’approche, le diététicien va faire passer l’aliment et sa catégorie d’origine avant son rôle dans le grand schéma des choses, sans avoir une vue plus globale de l’alimentation de son client. Le nutritionniste va valoriser, tout comme le diététicien, des produits hautement nutritifs, mais il ne va pas diaboliser le moindre aliment, ni en mettre certains autres sur des pieds d’estale en le considérant comme des superaliments. Il va certainement avoir une vision plus globale, permettre à son client plus de flexibilité. Le nutritionniste va regarder dans la recherche, comparer l’effet de combinaisons de plusieurs macronutriments, collecter toutes les données dont il a besoin et recommander plutôt des catégories d’aliments, laisser de la flexibilité. Le diététicien va être plus “cadenassé dans des schémas de pensée”.
Le nutritionniste se concentre sur les nutriments et vous propose globalement de piocher dans tout ce que vous pouvez trouver tandis que le diététicien va davantage être attaché d’abord à des catégories d’aliments (fibres, légumineuses, poissons, etc…).
Le diététicien recommande des aliments et crée des plans alimentaires, tandis que le nutritionniste identifie les besoins nutritionnels, avant bien sûr de proposer des catégories d’aliments pertinentes pour atteindre ces besoins spécifiques. Selon moi, le nutritionniste apporte plus de flexibilité, et surtout plus d’éducation au client, ce qui résulte en une meilleure autonomie sur le long terme.
Le nutritionniste est-il plus à même de conduire une diète sportive d’après toi ?
Si on parle de musculation, l’intérêt de la diète va être d’apporter les macro et micro nutriments nécessaires à la pratique sportive tout en laissant une flexibilité mentale, car on sait que l’aspect psychologique est important pour les athlètes.
L’avantage du diététicien est qu’il va dire exactement ce qu’il faut manger, et c’est un avantage dans le cas de figure où le client n’est pas trop éduqué sur ces sujets. Il aura donc juste à appliquer pour voir des résultats. Le point sur lequel je pense que le nutritionniste apporte un peu plus de valeur que le diététicien à son client, c’est qu’il va chercher à éduquer son client en lui faisant comprendre ses besoins et ensuite en lui donnant les clés pour s’approprier une diète qui lui convient aussi bien sur le plan de l’adhérence (capacité à pouvoir suivre sa diète) que sur l’aspect qualitatif et quantitatif. Quand on est suivi par un nutritionniste, on va savoir pourquoi on mange les aliments que l’on mange. Cela va nécessiter un tant d’adaptation, mais après, on va devenir autonome. C’est mon but avec mes clients. La majorité de mes clients je les garde pour une durée de 3 mois car l’objectif est qu’ils puissent ensuite voler de leur propres ailes.
Le diététicien, c’est bien dans le cadre où sur le court terme vous avez besoin d’une intervention nutritionnelle urgente et que l’on décide de faire passer l’éducation après. Et dans certains cas de figure, ce n’est pas un souci. Quand vous êtes alité à l’hôpital et que la priorité va être de consommer les aliments et nutriments qui vous permettront de récupérer de votre opération ou de votre maladie, il faut agir ! L’éducation vient ensuite quand vous allez retrouver des conditions de vie classiques.
Tu as des éléments fondamentaux d’une bonne diète que tu vas donner à tes clients ?
Premièrement ce qui est important pour moi, c’est d’éduquer le client en lui expliquant pourquoi je recommande telle ou telle intervention nutritionnelle. Dans un premier temps pour le rendre autonome, mais aussi pour augmenter son adhérence au plan. Lorsque le client comprend pourquoi il fait ces choix, il est bien plus sérieux.
La deuxième chose, c’est que dans toutes les interventions nutritionnelles qui sont proposées, il va falloir trouver un mi chemin entre la flexibilité pour que le client puisse suivre son plan alimentaire sur le long terme et de l’autre côté l’optimisation de toutes les variables pour ce client là.
Exemple simple, si j’ai un client de la population générale, qui débute dans le sport et qui n’a pas beaucoup de connaissances en nutrition, alors avec ce client-là, je vais avant tout proposer un plan nutritionnel qui va être tenable pour lui. Bien entendu, il va aussi falloir qu’il soit un minimum restrictif, sinon on ne fait pas appel à un nutritionniste. Dans ce cas de figure, l’aspect optimisation sera quant à lui moindre, car le simple fait d’implanter quelques principes de nutrition et de démarrer le sport va apporter des résultats. Donc, avec ce client, je vais créer un plan assez flexible, un peu plus “facile à suivre sur le long terme” quitte à être moins optimal. À l’inverse, si j’ai un client qui prépare une compétition de bodybuilding ou dans tout autre sport, alors avec ce type d’athlètes certainement plus motivés, qui auront plus d’expérience dans leur sport et certainement plus d’attention à leur nutrition, dans ce cas on va plutôt opter pour des interventions nutritionnelles plus précises, plus exigeantes pour optimiser toutes les variables quitte à perdre en flexibilité. Mais c’est le chemin à prendre pour que celui-ci puisse performer au mieux le jour de sa compétition.
Quels sont les sports généralement pratiqués par les personnes que tu suis en consultation ?
Il faut savoir que les gens me connaissent via mon compte Instagram et ma chaîne YouTube, qui proposent du contenu sportif. Ainsi, la plupart des gens que je coach sont des sportifs. Souvent, ce sont des pratiquants de musculation qui cherchent à réussir leur prise de masse ou encore leur sèche.
Néanmoins, j’ai également des “sportifs”. Par “sportifs”, j’entends autres que la musculation. J’ai des tennismen, des rugbymen, des triathlètes. Tout cela représente la majorité de mes clients.
En-dehors de ça, j’ai également des personnes “de la population générale”, des gens qui sont dans la quarantaine qui veulent se reprendre en forme physiquement, qui désirent reprendre ou non le sport et qui cherchent à perdre du poids ou soigner leur hygiène de vie, car ils sentent qu’ils ont impacté négativement leur santé et souhaitent se reprendre en main.
As-tu besoin de bien connaître le sport pratiqué par ton client pour être un bon nutritionniste ?
Oui, il faut une certaine culture sportive pour connaître les problématiques associées à chaque sport. C’est ça qui rend mon métier aussi intéressant, je trouve. On pourrait se dire que c’est assez rébarbatif, mais en réalité, il y a une telle variété dans les sports qui peuvent être pratiqués qu’on ne s’ennuie jamais. Je vais vous donner des exemples simples.
Le bodybuilder va pouvoir s’entraîner seul, ça va être des efforts légèrement glycolytiques, il va pouvoir choisir l’heure de son entraînement. C’est également un sportif qui va avoir besoin de beaucoup de protéines pour optimiser ses résultats. De plus, c’est un sport assez peu tactique, relativement peu exigeant d’un point de vue cardiovasculaire.
À l’inverse, on va avoir des athlètes d’endurance qui ont eux des besoins énergétiques bien plus conséquents, car il y aura plus de dépenses caloriques que sur un entraînement de musculation. Ils vont nécessiter un peu moins de protéines que les bodybuilders même si celles-ci vont rester élevées dans leur alimentation. Ce sont des athlètes qui vont entraîner tous les jours le même groupe musculaire à l’inverse des pratiquants de musculation. Ils vont travailler la plupart du temps à heure fixe, en extérieur ou intérieur selon la saison.
Troisième exemple, j’ai en ce moment un pratiquant de rugby à bon niveau qui pratique également la musculation. Il a donc une très haute dépense calorique chaque jour. Il a la partie musculation qui demande certaines interventions nutritionnelles avec en plus le rugby avec un autre type d’effort encore plus glycolytique, encore plus intermittent que la musculation. Autre contrainte avec ce sportif, c’est que du fait de son niveau, chaque dimanche, il voyage dans une autre ville en France. Le bon suivi de ce client va donc nécessiter des interventions nutritionnelles différentes de celles opérées avec mes autres clients, car avec le voyage, avec le sommeil qui peut être perturbé par le transport, il va avoir des besoins différenciés en ce qui concerne ses repas, sa complémentation, peut être l’utilisation de la mélatonine si la veille d’un match il stress un peu, etc.
Dans l’optimisation de la nutrition où place tu le curseur du plaisir et de l’aspect psychologique et comment l’intègres-tu dans ton programme en nutrition ?
La nutrition c’est aussi compliqué que ce qu’on veut que ça le soit et c’est aussi restrictif que l’on désire que ça le soit. C’est-à-dire qu’il y a des grands principes qui sont respectés tels que la balance calorique, les besoins en macronutriments selon la nature du sport, etc. Cependant, on va pouvoir s’offrir un peu de flexibilité dans le choix des aliments tant que cela n’impacte pas le grand schéma des choses, l’image plus large.
Supposons un powerlifter, assez lourd. Il a donc une bonne dépense calorique chaque jour malgré le fait que son sport soit assez peu dépensier en calories. Et bien cet athlète aura un apport calorique assez élevé qui pourrait potentiellement lui laisser de la marge pour qu’il puisse apporter à son quotidien des aliments qui lui font plaisir ou à forte densité calorique. Mais en modérant ça et aussi en lien avec le fait qu’il a un apport calorique assez élevé, il va pouvoir se permettre une certaine flexibilité.
À l’inverse, dans certains cas de figure, quand le niveau d’exigence sportive est haut, quand on est dans un domaine de compétition et que l’athlète est fortement motivé, on doit opter pour des recommandations nutritionnelles plus restrictives, car c’est ce que demande le sport de haut niveau avec la volonté d’arriver à des niveaux physiques assez exceptionnels avec des taux de masse grasse assez faibles. À nouveau, c’est une question de trouver le bon niveau sur le curseur de la flexibilité selon les exigences du client.
Sur la durée, on pourrait argumenter que le fait d’inclure des plaisirs quotidiens, d’opter pour un fourchette de calories à atteindre plutôt que des nombres strictes, vont être des outils qui ne vont pas déranger les résultats long terme de l’athlète mais qui vont rendre le processus plus tenable. Sur la durée, avoir moins de restrictions et ajouter des plaisirs quasi-quotidiens va conduire généralement à de meilleurs résultats, car l’athlète va rester sur sa ligne directrice plus longtemps et avec davantage de constance.
Quel est le meilleur format d’après toi entre consommer des petits plaisirs quotidiens ou un cheatmeal une fois par semaine ?
Je privilégierais plutôt l’ajout de petits plaisirs quasi quotidiens (avec modération), dans un cadre, c’est-à-dire prévu, planifié à l’avance et saupoudré d’un bon niveau d’éducation. Il y a une chose qui me dérange un peu avec le cheatmeal. L’idée serait que pendant la semaine, on mange des produits “clean”, non transformés, intéressants nutritionnellement et que sur le week end on s’autorise un seul gros repas hautement calorique, très riche en sucre, certainement assez faible en fibres, riche en lipides, modéré en protéines, avec le terme cheatmeal qui laisse transparaître que c’est un repas un peu interdit/prohibidé. Cela relève d’un manque d’éducation, car ce que j’essaye de retranscrire de mon point de vue de nutritionniste, c’est qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais aliments, il y a juste des aliments plus ou moins intéressants dans certains cadres nutritifs et qu’il n’y a que des bonnes et des mauvaises diètes.
Ce qui va être intéressant à comprendre, c’est que ce n’est pas parce que vous avez consommé un burger la veille et que vous avez augmenté temporairement votre poids sur la balance que vous allez prendre 4 kilos de graisse. À l’inverse, ce n’est pas le fait de manger des aliments non transformés et de haute qualité qui vous fera sécher car à priori si vous êtes en surplus ou en maintenance calorique vous ne perdrez pas de gras.
Il faut donc faire comprendre au client qu’il n’y a pas d’aliment diabolisé. Une fois qu’il a compris cela, ça permet d’introduire des aliments “plaisirs”, industriels, car il n’y aura plus ce sentiment de culpabilité.
À quel moment de la journée est-il plus bénéfique (ou moins impactant) de consommer ces produits plaisir ?
Cela tombe bien, j’ai fait un article sur le blog de Disciplean à ce sujet-là.
Sur le papier, il y aurait un avantage à consommer une bonne partie de nos calories sur la fenêtre post entraînement surtout lorsqu’on fait de la musculation ou un autre sport à forte demande énergétique, car ce sera le moment parfait pour reformer les stocks de glycogène, stimuler la synthèse protéique, etc.
Après globalement ce qui compte, c’est la balance calorique sur la journée et la semaine. Ainsi, si vous avez une occasion sociale qui tombe sur un jour où vous ne vous êtes pas entraîné, ce ne sera juste pas le scénario idéal, mais ça fera l’affaire si on regarde encore une fois le tableau sur le long terme. Raison pour laquelle avec mes clients on suit des mesures quotidiennes mais qu’on les interprète sur le moyen/long terme. On tire des moyennes hebdomadaires et mensuelles avant de prendre des décisions. Car ce qui compte ce n’est pas le poids que vous ferez sur la balance demain, mais plutôt celui que vous ferez dans 3 mois, 6 mois, 12 mois, etc. Vision long terme avant tout même si une approche court termiste peut permettre de conserver un bon niveau de motivation au jour le jour. Donc on mesure quotidiennement, mais on les analyse à l’échelle de temps plus long : plusieurs semaines voir plusieurs mois dans certains cas
Est-ce que tu peux donner quelques variables que tu vas contrôler lors de tes suivis ?
Selon l’objectif du client, cela va être varié.
Si ce sont des clients qui me contactent pour des problèmes de santé, on va fréquemment prévoir une prise de sang avant, pendant et après le suivi. Surtout dans le cadre de maladies cardio-vasculaires ou dans celui de l’amélioration des symptômes d’un diabète de type 2 par exemple.
Pour des variables de perte de graisse, on va avoir le poids, les mensurations pour certains clients, les calories, les protéines souvent les fibres, parfois les glucides et lipides pour certains clients même si cela restera secondaire après le tracking des protéines et surtout des calories.
Est-ce que tu t’es toi-même fait coacher auparavant que ce soit en nutrition ou en musculation ?
En nutrition non, en entraînement oui. J’ai déjà été entraîné en musculation et pour des objectifs de souplesse plutôt avancés pour la gymnastique et pour mes propres performances à l’époque où je faisais beaucoup de handstand comme vous pouvez le retrouver sur ma chaîne YouTube.
Aujourd’hui, je suis coaché à la fois en musculation et en nutrition. Chose assez paradoxale étant moi-même nutritionniste.
Avant, je ne l’étais pas, car j’avais toujours cette curiosité de tester sur moi-même et d’appliquer des protocoles sur mon corps. Aujourd’hui, mon coaching en nutrition consiste plus en des consultations pour faire des points hebdomadaires, demander un avis extérieur sur ma perte de gras actuelle, sur la répartition de mes calories, etc.
Chaque coach a besoin d’un coach, car il y a toujours une part d’affect qui nous touche quand on se coach soi-même. C’est pour ça que j’ai actuellement un consultant en nutrition, pour prendre des décisions rationnelles dans ma perte de poids et optimiser toutes les variables sans que je ne sois trop touché par mes propres émotions au jour le jour, qui me ferait prendre des mauvaises décisions pour moi-même.
Tout l’art du coaching va être d’appliquer ces grands principes physiologiques, anatomiques de l’entraînement au réel. Car ces principes, on les connaît grâce à la recherche, on a des décennies d’études sur le sujet. La question est donc de trouver les meilleures manières d’atteindre les objectifs nutritionnels en s’adaptant au client et de trouver la mise en place des bonnes variables. Il y a toujours plusieurs manières de faire les choses. Si je prends comme exemple la perte de poids, celle-ci peut se faire avec un déficit assez agressif, avec un déficit calorique un peu plus lent, avec une répartition des glucides lipides un peu différentes, on peut opter pour un format linéaire (manger le même nombre de calories chaque jour de la semaine) ou un format avec des jours un peu plus haut en calories et d’autres un peu plus bas.
J’ai donc fait appel à mon coach pour pouvoir prendre des décisions rationnelles issues de l’analyse de mes propres variables plutôt que d’être victime de mes interprétations personnelles et de ma subjectivité.
Quel est ton objectif personnel en musculation aujourd’hui ?
Je suis actuellement en perte de poids et j’aimerais avoir une shape, plutôt bonne pour un photoshoot. Je n’ai pas de prétention de compétition, même si je ne l’exclus pas dans le futur, car comme je le disais en introduction, je fais également beaucoup de tennis ce qui empiète un peu sur mes capacités de récupération et qui m’empêche d’optimiser mes gains musculaires. Pour l’instant l’objectif, c’est une shape valable pour un photoshoot et pour la suite, c’est d’améliorer ma composition corporelle en permanence.
Quel protocole nutritionnel suis-tu ?
Pour l’instant, je suis sur une sèche assez haute en calories. Je suis en train de perdre du poids à 2900 calories ! Néanmoins, je suis plutôt lourd, j’ai commencé la sèche à 89 kilos et je suis aussi très actif avec la musculation et le tennis. Pour l’instant, je suis sur un rythme linéaire. Au niveau du tracking, on suit ma consommation en protéines qui est au minimum à 160g par jour, mais la plupart du temps plus proche des 200/220g. Pour les fibres, on vise idéalement les 44g par jour.
Consommes-tu des BCAAs également ?
Il n’y a pas d’intérêt à consommer des BCAAs si vous consommez assez de protéines. Les BCAAs sont des acides aminés à chaînes ramifiées (leucine, isoleucine, valine) et se retrouvent déjà dans notre alimentation et dans nos protéines, surtout si vous consommez des sources de protéines de haute qualité, c’est-à-dire des protéines d’origine animale. Ainsi, si vous consommez quotidiennement un minimum de 1.6g de protéines par kilos de poids de corps à priori, vous n’aurez pas besoin de vous supplémenter en BCAA. À savoir également que si vous consommez de la whey en supplémentation, celle-ci est déjà assez élevée en BCAAs.
Quid des vegans ? Doivent-ils plus se supplémenter ? Il me semble qu’il y a très peu de protéines complètes dans le régime végan et qu’il est plus complexe d’atteindre ses quotas en acides aminés essentiels non ?
Effectivement l’inconvénient que l’on a avec les régimes végétaliens, c’est qu’on va avoir moins d’acides aminés essentiels dans ce type de diète comparés à une diète omnivore. En moyenne, une diète végan contient, à protéines égales, 16% à 17% de moins de leucine qu’une diète omnivore. Pour faire face à cet inconvénient, soit-on va augmenter le nombre de protéines pour compenser la “moindre qualité” des protéines d’origines végétales, soit on va devoir particulièrement réfléchir aux combinaisons des sources de protéines qu’on va consommer en les faisant varier lors des repas et retrouver un profil complet d’acides aminés (contenant tous les acides aminés essentiels). Les acides aminés essentiels sont au nombre de 8 et seul un apport complet en ces 8 acides aminés permet d’optimiser la synthèse protéique. Or, les protéines végétales affichent régulièrement des profils d’acides aminés incomplets. On doit donc faire varier les sources et les combiner pour retrouver artificiellement, si je puis dire, un profil complet et équilibré d’acides aminés. Ce qui ne sera pas nécessaire si vous consommez des protéines d’origine animale comme de la viande ou du poisson.
Est-ce qu’on est obligé de manger au cours du même repas ces combinaisons de protéines lorsqu’on est végan ?
Ce qui rend la chose compliquée, c’est que idéalement, on cherche à obtenir ces combinaisons à chaque repas. En fait, la protéine est le macronutriment pour lequel le timing est le plus important, notamment parce que les protéines ne peuvent pas être efficacement stockées sur une courte période de temps. Sur le court terme, on peut juste avoir des taux d’acides aminés sanguins qui sont temporairement élevés. Dans notre plasma sanguin, on peut avoir 120g de protéines en circulation à un instant t, parfois un peu plus selon le gabarit de l’individu, mais on ne peut pas stocker efficacement les protéines comme ce serait le cas avec les glucides ou les lipides par exemple. Il n’y aura donc pas forcément besoin de consommer à chaque repas glucides et lipides, mais c’est un peu plus nécessaire pour les protéines. Dans le cadre d’une diète végan, oui, pour optimiser les résultats, on va chercher à combiner différentes sources de protéines à chaque repas pour retrouver ce fameux spectre d’acides aminés, variés, complets et comprenant tous les acides aminés essentiels.
Pour ceux qui vont lire cet article quels vont être tes trois grands conseils nutrition à appliquer rapidement et facilement ?
Mon premier conseil serait : éduquez-vous, mais restez sceptique.
Restez sceptique dans le sens où il y aura du contenu sur internet assez sexy de temps à autre, assez vendeur. Parfois, ce sera du contenu de qualité offrant de vrais bons concepts qui, mis en application, optimisent vos résultats et vous feront obtenir beaucoup de progrès. Mais il existe également beaucoup de charlatans malheureusement sur le net. Donc restez sceptique, diversifiez les sources d’informations et n’ayez pas peur d’essayer sur vous-même, tout en gardant en tête que votre propre expérience n’est pas transférable à d’autres individus. Ce n’est pas parce qu’un protocole a fonctionné sur vous qu’il fonctionnera sur un autre individu et qu’il sera optimal pour tout le monde.
Si vous savez des objectifs sérieux, que ce soit en musculation ou pour tout autre sport, mon deuxième conseil va être d’améliorer votre organisation, que ce soit au niveau de la préparation des repas ou encore de tout ce qui tourne autour de la nutrition, c’est à dire la récupération, le sommeil ou encore la gestion du stress. Globalement, pensez à tout ce qu’il y a en dehors de la nutrition.
Mon dernier conseil est bien sûr de suivre Morgannutrition et Disciplean sur Instagram.
Pour finir cet entretien, qu’est-ce qui t’as poussé à rejoindre Disciplean ?
Ce qui m’a plu avec Disciplean, c’est que ça reflétait mes valeurs, car je me considère comme un bosseur, comme quelqu’un qui cherche à s’améliorer de jour en jour, de faire le boulot nécessaire pour obtenir les résultats que je mérite et je pense que l’image de Disciplean, c’est ça : nous encourager à tirer le meilleur qu’on puisse donner chaque jour avec des petites victoires. Et c’est également, pour les connaître, la philosophie des créateurs. Donc toute ma force à Disciplean, car c’est la philosophie que je suis au quotidien dans la nutrition, c’est-à-dire chercher à devenir meilleur au quotidien et à s’améliorer, ne pas subir son sort et à prendre son avenir en main.
Merci Morgan
Interview réalisée par Lucas Dour, Directeur Général de Disciplean
Vous pouvez retrouver tous les services proposés par Morgan ici :
Site internet : www.morgan-nutrition.com
Instagram : @morgannutrition
Adresse mail : morganbernardeau.coaching@gmail.com